Mon frère est mal, ses délires et angoisses sont démultipliés.
Il est terrorisé, la peur du dehors vient rencontrer la peur du dedans.
Schizophrène, les manifestations sont totalement exacerbées.
A distance je l’invite à faire de la cohérence cardiaque, je lui avais montré des vidéos.
Je savais que ce confinement serait une épreuve pour lui, ses habitudes, ses rituels de sortie qui lui permettaient de s’affranchir un peu de ses peurs/désirs dans les relations humaines. Le voici face/dans le chaos de son esprit.
Je savais que ma maman avec qui il vit aurait besoin de soutien. J’ai été, suis, une écoute fidèle particulièrement depuis le début du confinement, consciente que ce huis clos allait être particulièrement compliqué à vivre pour elle.
La mère Angoisse.
Je l’ai écouté, j’ai essayé de l’apaiser, j’ai respiré chaque fois que nécessaire pour me libérer de la tension qui naissait durant cette heure, ces heures que ses besoins d’écoute étaient nécessaire.
J’ai cru au bout de trois semaines durant lesquelles elle a mis en ordre tous ses papiers, qu’elle allait se détendre. Oui, oui elle a lâché, ri d’elle-même durant deux jours, en continuant d’exprimer sa peur de tomber malade, sa peur de mourir.
Huis clos infernal, Elle a plongé.
Je soutiens de tout mon cœur la traversée des miens que j’aime du plus profond de mon cœur. Mon père est présent beaucoup dans mes pensées, sans doute me donne-t-il à nouveau sa force dans la confiance depuis le ciel.
Je ne lâcherai pas mon soutien, l’Amour est si fort.
Mais je ne prends pas le fardeau.
Je témoigne ici pour toutes les familles du monde entier qui ont parmi eux des malades psychiques de toutes les directions. Il y a tant de maux, et peu de mots.
Il n’y a rien d’autre que vivre ce fardeau sans que ce soit un fardeau. Trouver en son cœur la puissance sans intention. Les mots sont totalement inutiles.
Courage à tous.
Et si la mort qui leur fait si peur ... venait les délivrer ?
Nathalie Vieyra. 16/04/2020