
Je m’oublie me plongeant dans l’écriture, mon cerveau est tourné vers mon sujet.
Et mon corps se rappelle à moi, j’ai des impatiences de plus en plus fréquentes qui me font chausser mes baskets, marcher.
Marcher comme une lionne en cage sur les trottoirs,
Comme une lionne en cage je marche quand même parfois sur les routes croisant des regards dans les voitures, interloqués,
Marcher comme une lionne en cage et éviter sans m’en nourrir de la vue des familles de sortie, les poussettes, les vélos, les trottinettes,
Marcher comme une lionne en cage est sentir l’impuissance, la rage,
Marcher comme une lionne en cage et sentir mon cœur gros, la rage,
Marcher comme une lionne en cage et me dire que ça suffit,
Marcher comme une lionne en cage qui a envie de révolte, de transgression, partir,
Marcher comme une lionne en cage les yeux embués de larmes, plein de joie à voir la vie dehors, normale,
Marcher comme une lionne en cage et croiser des visages familiers, des visages parfois masqués,
Marcher comme une lionne en cage agressée par le bruit des moteurs, mes oreilles n’ont plus l’habitude,
Marcher comme une lionne en cage et croiser une amie qui marche le regard perdu sur les trottoirs comme une lionne en cage perdue,
L’appeler par son prénom, voir son esprit chercher, voir son sourire, nos yeux s’embuer sous la surprise et le bonheur, partager un moment,
Marcher comme une lionne en cage et rentrer, cherchant comment s’échapper,
Marcher comme une lionne en cage qui n’en peut plus de cette blague,
Marcher comme une lionne en cage qui n’en peut plus du sacrifice demandé, sacrifice assumé mais plus possible,
Une lionne en cage qui préfère vivre et mourir si c’est son heure que la cage,
Une lionne en cage qui pleure de son amour infini à la vie,
Une lionne en cage qui pleure de rage et de révolte,
Une lionne en cage qui rugit dans tout son être son rugissement d’assez !
Assez de cette mascarade, cette peste émotionnelle qui abrutit le monde !
Assez de cette privation de sa liberté de choix !
Assez de cette privation de corps, de bras, de cœur, d’esprit.
Assez !
Une lionne qui pleure de rage. Une lionne qui va s’échapper.
Nathalie Vieyra 3/05/2020