Ce matin, en marchant tranquillement vers ma salle de la Garenne Colombes pour donner mon cours de Wutao, je faisais « un tour de moi-même » pour « voir » ce cours et pourquoi ce cours que j’avais préparé.
Qu’est-ce que ça me raconte sur moi-même et mes besoins ?
Je me demandais pourquoi mon ego était si puissant ...
Pourquoi alors que je « sais » tellement de méthodes, et en particularité en tant que professeure de Wutao, je reste bloquée parfois avec ce besoin de demander à un tiers de me guider dans son cours avec sa voix.
Je sais m’accompagner et pourtant, que j’aime demander à ce que l’on me prenne la main à l’occasion.
Je reste animée par mes ombres alors que je me connais très bien.
Alors j’ai une bulle qui s’ouvre et une vision de mon père quelques temps avant sa mort, le cancer a envahi son cerveau et il est entrain de régresser. Allongé sur son lit d’où il ne bouge plus, il reçoit la visite d’une amie, et son regard est attiré par le tissu de sa jupe. Il émet un son admiratif et tend sa main pour toucher ce tissu et en palper la qualité. Il était ingénieur textile et fut directeur d’usines en Afrique. Son regard, son expertise, resurgissait à la vue de cette sublime étoffe à l’imprimé coloré. Sa mémoire foutait le camp, il utilisait des mots à la place d’autres, mais à ce moment son expertise profondément ancrée dans une forme de plaisir, il aimait beaucoup son travail, était là. J’ai senti des larmes couler sur mes joues, surprise de l’intensité de ce moment.
Je me suis rappelée cette vidéo qui a beaucoup circulé la semaine dernière, cette danseuse de ballet atteinte d’Alzeimer qui à l’écoute d’une musique, le lac des cygnes peut-être, retrouvait les mouvements qu’elle exécutait dans son passé.
Le corps a une mémoire, je crois globale et aussi rattachée au x plaisir s et aux émotions.
Alors mon cours fut très différent de ce que j’avais prévu, non par rapport au programme et technicités, mais dans ma vision globale.
Relâcher le coccyx sacrum, une approche large comme appeler un souvenir imprégné et oublié qui surgit de façon inopinée. Primordialité de l’onde, Le corps est sage.
Avec douceur et écoute, diaphragme, lombaires, et relâchers ont dansé, soutenu par le chant du Souffle. Mon souffle, la Vie !
Je suis certainement puissante, solide, et aussi très sensible, je cultive la vulnérabilité.
Merci mes élèves.
Merci papa pour ce souffle.
Nathalie Vieyra 19/11/2020