Lorsque j’étais plus jeune, il était absolument impensable que je devienne comme ma mère. C’était une vision inacceptable et je demandais à l’homme de ma vie d’alors, « si je commence à faire comme ou ressembler à ma mère, surtout dis le moi » … et alors des années plus tard :
Ma mère est une femme incroyablement brillante, dont la vocation née très tôt d’être enseignante l’a conduite à khâgne hypokhâgne. Une femme éduquée par une mère bourgeoise extrêmement avant-gardiste, elle et ses sœurs devaient avoir de bons emplois et être financièrement autonomes « pour ne jamais dépendre d’un homme » et pouvoir toujours partir si. Dure était ma grand-mère. Ses filles ont fait des superbes carrières. Elle a dit sur mon berceau, « ma petite fille fera l’ENA » … j’ai brisé les chaines, le carcan, tout.
Hier soir après avoir passé un moment en sa compagnie, je l’ai prise dans mes bras. Elle rit, elle est gênée. Je le fais souvent, elle rit gênée à chaque fois. Depuis le décès de mon père il y a 17 ans, elle a fondu totalement, un sac d’os. Ce n’est pas du jugement de ma part, elle est devenue maigre, ou très mince. Quand je la prends dans mes bras, j’ai la sensation des os d’abord, puis je m’abandonne à l’Amour et là elle rit. Elle ne met jamais, pas encore, les bras autour de moi. J’adore ma mère. C’est un feu d’observance aujourd’hui incroyablement instructif, riche, joyeux, aimant. J’ai appris à m’aimer en apprenant à aimer ma mère, et en apprenant à sentir son amour. L’effet miroir avec elle est pour moi source de connaissance, aujourd’hui je m’aime et accueille avec humour les visions. Ce qu’elle me renvoie, est ce que je lui renvoie …. Parfois je la confronte, elle n’aime pas, réagit avec agressivité. Je connais. J’explique ce que je ressens, elle écoute difficilement, mais parfois revient vers moi avec ses intégrations, et vice et versa. Je me vois.
Elle me raconte beaucoup d’histoires familiales, depuis 2 ans environ. J’écoute, j’apprends, je tire des fils …. C’est la transmission, le terreau du vivant.
Trouver sa mission d’âme, le sens de notre présence sur terre, tout le monde parle de cela. N’est ce pas aussi simple que d’apprendre à se connaitre, mettre en lumière ses parts d’ombres pour en faire des axes de croissance personnelle ? c’est l’aventure de la vie. Etre, quoi d’autre ? la conscience amène à voir, à sentir. Cette conscience de la condition humaine, la tragédie comique qui est là, qui se déroule partout, spectateur assis devant un bon film avec des popcorn au ciné, et aussi conscient de son rôle d’acteur … bas les masques. Notre mission d’âme n’est-elle pas de voir la futilité ? que nos egos agissent, se divertissent ? Se sentir aligner, rien d’autre, ouvert et curieux, le cœur vibrant.
Rien n’est plus important que de sentir que nos histoires ne sont pas nous, et en même temps de prendre le temps de regarder nos lignées, ce qu’elles nous ont fait porter, permet la guérison ou la transformation. Ma transformation, ma recherche continue de conscience, a amené ma mère à transformer des blessures profondes, « à l’insu de son plein gré ». Elle a recommencé à vivre pour elle, pleinement à 70 ans. Il y a 5/6 ans elle a rencontré un homme, son amant, son ami. Elle continue à être dévouée aux autres, mais elle revendique aujourd’hui aussi d’avoir du temps pour elle. J’adore. Elle est ma fidèle relectrice, et ma plus grande fan. Elle lit mes textes et timidement me demande 2,3 trucs. Elle est fière de moi, comme je suis fière d’être sa fille. Je n’ai pas de fille, un fils. L’histoire continue.
Nathalie Vieyra
03/02/2018
Rien n’est plus important que de sentir que nos histoires ne sont pas nous, et en même temps de prendre le temps de regarder nos lignées, ce qu’elles nous ont fait porter, permet la guérison ou la transformation. Ma transformation, ma recherche continue de conscience, a amené ma mère à transformer des blessures profondes, « à l’insu de son plein gré ». Elle a recommencé à vivre pour elle, pleinement à 70 ans. Il y a 5/6 ans elle a rencontré un homme, son amant, son ami. Elle continue à être dévouée aux autres, mais elle revendique aujourd’hui aussi d’avoir du temps pour elle. J’adore. Elle est ma fidèle relectrice, et ma plus grande fan. Elle lit mes textes et timidement me demande 2,3 trucs. Elle est fière de moi, comme je suis fière d’être sa fille. Je n’ai pas de fille, un fils. L’histoire continue.
Nathalie Vieyra
03/02/2018