Quand j’étais petite fille je vivais à Bouaké, ville du centre de la Côte d’Ivoire.
Nous avions une belle villa au milieu d’un magnifique jardin, immense jardin. A l’arrière une immense plantation de Teck, une forêt avec des arbres magnifiques. Je passais des heures une fois finis mes devoirs à rêver, souvent en observant la nature sous toutes ses formes. Je me rappelle des heures que je passais à observer les colonnes de magnans, grosses fourmis carnivores, à faire pipi dehors pour voir les plus petites fourmis noires arriver dans la seconde pour boire mon urine, je m’interrogeais sur les pourquoi. Des heures à observer les termites construire leurs termitières que je cassais pour les voir reconstruire, observer la qualité de cette terre qui de mouillée par je ne savais quelle salive, reprenait la couleur sèche rapidement sous l’effet de la chaleur. Les tisserins habiles construisaient des nids en forme de botte, œuvre d’art naturelle, où au fil du temps je pouvais entendre les petits un jour pépier.
La Nature m’inspirait et me faisait passer le temps. Le temps.
Ce confinement m’amène à penser au temps. Mon impression de temps qui se dilate d’une façon différente mais familière pour moi. Ma démarche spirituelle me fait incarner le temps, attachée à l’instant présent totalement, j’observe, je respire, je rentre totalement en moi et mes perceptions. Tout se dilate dedans moi et prend de l’ampleur. J’observe que c’est facile pour moi ce temps à rallonge comme un cadeau d’avoir encore plus de temps pour m’arrêter dedans, dedans l’émotion, dedans le souffle, dedans le corps est ses expressions. Tellement précieux ce temps avec lequel que peut introspecter, rêver, explorer le temps en moi, dans mon corps et ... au-delà.
Après avoir choisi de vivre mon inutilité sociale, je m’offre le temps de vivre, penser, ressentir l’instant présent, pour rien ! Aucun objectif, plus d’objectif, c’est vertigineux ! Vertigineux comme ce temps qui s’étire et la sensation qu’il passe vite. Si vite que je me demande comment cela est possible ? Si ce n’est que je vis tellement la Présence, je ressens tellement la vibration dans mes cellules que je perçois mon corps de plus grand autour de moi, de plus large autour et au-dessus de moi.
Je continue de m’honorer chaque jour, et je suis plus persuadée aujourd’hui qu’hier que le Centre, mon centre, c’est mon ventre. Toujours cette conscience de mon feu, est mon point de départ, ma source. La conscience de mon énergie sexuelle puissante, densifie le centre de mon être depuis ma Yoni vers l’éthérique et au-delà. Plein d’expériences ... mon lien à la Terre, la Terre mère est fort. Le temps passe vite, le temps s’étire, le temps c’est juste ma conscience de ma présence au monde, entre expir et inspir, naître et mourir, le temps c’est un vide plein en moi.
Et pour vous ? Le temps ? Nathalie Vieyra 3/04/2020