Dimanche matin, 10h, je marche tranquille avec mes baskets, rejoindre mon amie.
Au coin de ma rue le soleil m’éblouit tant il brille dans cette brume qui flotte.
Presque instantanément une émotion vive m’absorbe dans un passé assez lointain, la brume de l'harmattan, ce vent qui vient du désert chargé de sable. Il fait froid ce matin et je suis entre deux époques, c’est fort troublant.
Mon émotion est vive, et je vois ma basket sur le trottoir, le mouvement de ma marche est pourtant aussi dans le sable de la plage d’Assinie au moins 20 ans plus tôt. Je marche et j’entends ce silence magique, un silence surnaturel presque. Il est 10h dans ce silence brumeux, irréel, le soleil brille dans la brume et j’entends alors cette feuille de marronnier sèche qui tombe et roule sur le goudron. Seul bruit qui déchire le silence, silence entre deux époques.
Je passe alors près d’un arbre, immense et seul lui aussi au milieu de cette rue, des cris de corbeaux emplissent alors le silence, plein de corbeaux. J’essaie de les voir mais le soleil est trop aveuglant. Mes baskets foulent le trottoir et je me dis qu’il n’y a personne dehors sauf moi c’est complètement bizarre, pourtant il fait jour et il n’est pas encore 21h. Mais ce serait alors normal dans ce passé qui est présent à moi à cet instant. Une émotion incroyable m’étreint le cœur, je suis comme ivre, il est pourtant 10h.
Je ris et des larmes coulent de mes yeux en même temps. Douceur de la mémoire coexistant avec le présent. J’aime le silence, j’aime la solitude, sur ce trottoir un dimanche matin, sur cette plage il y a 20 ans, j’aime ce silence où j’entends l’air qui me raconte des émotions. À ton écoute, votre écoute. Multidimensions.
Nathalie Vieyra
18/10/2020